A l’origine de l’amélioration du niveau de vie et du développement des sociétés modernes, la croissance économique repose sur des mécanismes complexes. Accumulation de capital, progrès technique, productivité et innovations sont au cœur de cette dynamique. Mais derrière ces concepts, quels sont réellement les leviers qui alimentent la croissance sur le long terme ? Eléments de réponse avec Carlos de Matos du Groupe Saint-Germain !
Comprendre la dynamique de la production et des facteurs de production
La croissance économique s’appuie d’abord sur l’augmentation des quantités de facteurs de production mobilisés pour produire des biens et services. Ces facteurs sont traditionnellement répartis entre le travail et le capital.
Le rôle du facteur travail dans la croissance
Le facteur travail désigne l’ensemble des ressources en main-d’œuvre mobilisées dans le processus productif. Il possède une dimension quantitative, liée au volume d’heures travaillées, mais aussi une dimension qualitative, qui renvoie au niveau de qualification des travailleurs. Le développement du travail qualifié, nécessitant des compétences et des savoir-faire spécifiques, favorise une production plus efficace et permet des gains de productivité importants. A l’inverse, le travail non qualifié, reposant principalement sur la force de travail, a un impact plus limité sur la croissance à long terme.
Le facteur capital, pilier de l’accumulation productive
Le facteur capital regroupe les moyens matériels utilisés dans la production. Il se divise en capital circulant, qui correspond aux biens consommés pendant le processus productif (comme les matières premières), et en capital fixe, qui regroupe les biens durables non détruits par la production, à l’image des machines ou des infrastructures. L’investissement dans le capital fixe est une condition essentielle pour augmenter la capacité de production et favoriser l’innovation technologique.
La productivité, moteur fondamental de la croissance économique
Si l’augmentation des facteurs de production permet de produire davantage, c’est l’amélioration de leur efficacité qui garantit une croissance soutenue. C’est là qu’intervient la notion de productivité.
La distinction entre croissance extensive et croissance intensive
La croissance peut être extensive lorsque l’augmentation de la production résulte uniquement d’une hausse des quantités de travail ou de capital utilisées. Mais ce modèle atteint rapidement ses limites en raison de la raréfaction des ressources et de la hausse des coûts de production. A l’inverse, la croissance est dite intensive lorsqu’elle repose sur l’amélioration de la productivité des facteurs existants. Cette forme de croissance est plus durable, car elle permet de produire plus avec la même quantité de ressources, en misant sur des gains d’efficacité.
La productivité globale des facteurs, indicateur clé du progrès technique
La productivité globale des facteurs (PGF) mesure l’augmentation de la production qui ne s’explique ni par la hausse du travail, ni par celle du capital, mais par une meilleure utilisation de ces facteurs. L’amélioration est généralement liée à l’introduction du progrès technique et à une organisation plus efficace de la production. L’apparition de nouvelles méthodes de travail, comme la division du travail ou l’automatisation, en sont des exemples concrets.
Le rôle déterminant du progrès technique et des innovations
Au-delà de l’accumulation de capital et de la productivité, le progrès technique est une source essentielle et durable de croissance économique. Robert Solow a mis en évidence que la part de la croissance non expliquée par l’augmentation du travail ou du capital, appelée « résidu », est principalement due à ce progrès technique.
Progrès technique et transformation des processus productifs
Le progrès technique regroupe l’ensemble des améliorations apportées aux procédés de production et aux facteurs de production eux-mêmes. Il peut se traduire par de nouvelles machines, des procédés de fabrication plus efficaces ou encore une meilleure organisation du travail. Ces évolutions permettent d’accroître la productivité et de repousser la loi des rendements décroissants, qui limite normalement la croissance lorsque les facteurs de production sont utilisés de manière intensive.
Les différentes formes d’innovations selon Schumpeter
Joseph Schumpeter, célèbre économiste autrichien, distingue cinq grands types d’innovations qui alimentent le progrès technique et soutiennent la croissance : les innovations de procédés, qui introduisent de nouvelles méthodes de fabrication ou de distribution ; les innovations de produits, qui créent de nouveaux biens ou améliorent les produits existants ; les innovations organisationnelles, qui bouleversent la manière dont la production est organisée, à l’image de la chaîne de montage ; les innovations de débouchés, qui ouvrent de nouveaux marchés ; et enfin, les innovations en matière de ressources, comme la découverte de nouvelles matières premières.
Une croissance économique dépendante des investissements et des choix politiques
L’investissement est un levier essentiel de la croissance car il permet d’accumuler du capital sous ses différentes formes : physique, humain, technologique et public. Selon les théories de la croissance endogène, notamment celles développées par Paul Romer et Robert Lucas, ces investissements jouent un rôle clé dans le progrès technique, qui devient lui-même un produit des décisions économiques des agents. Ainsi, l’amélioration des infrastructures publiques, l’investissement dans la recherche et le développement, ou encore la formation des travailleurs favorisent l’émergence d’innovations et de gains de productivité. Ces choix politiques et économiques créent des externalités positives qui se diffusent dans l’ensemble de l’économie et stimulent la croissance à long terme.
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