S’installer en libéral comme chirurgien-dentiste est une étape majeure dans un parcours professionnel, mais avant d’empoigner la turbine et de poser sa plaque, mieux vaut ne rien laisser au hasard. L’ouverture d’un cabinet dentaire exige une préparation rigoureuse, à la fois stratégique, administrative et financière. Voici les fondamentaux à ne surtout pas négliger avec Geoffrey Migliardi !
Étudier son terrain pour mieux cerner le marché
Tout projet d’installation repose d’abord sur une étude de marché solide, qui permet de cerner précisément les caractéristiques de la zone d’implantation : densité concurrentielle, volume de patientèle potentielle, infrastructures médicales environnantes, évolution démographique et enjeux sanitaires locaux. A ce niveau, impossible de viser juste sans consulter les données disponibles via l’INSEE, les agences régionales de santé, les conseils de l’Ordre, les chambres de commerce ou encore les collectivités territoriales. Ce travail préalable, souvent sous-estimé, constitue pourtant un atout déterminant au moment de solliciter un financement ou de déposer un dossier d’aide à l’installation. Mieux encore, il évite les mauvaises surprises une fois les murs investis.
S’installer, c’est aussi cocher un parcours administratif bien balisé
Avant même de recevoir son premier patient, le praticien doit franchir plusieurs étapes administratives. L’inscription à l’Ordre départemental reste incontournable, car elle permet d’obtenir son numéro RPPS et sa carte de professionnel de santé. Vient ensuite l’enregistrement auprès de l’Assurance Maladie, qui déclenche simultanément l’affiliation à l’URSSAF. Il faut également adhérer à la caisse de retraite spécifique à la profession, la CARCDSF, et souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle adaptée. Autant de démarches à anticiper pour exercer dans les règles dès le premier jour.
Choisir son lieu d’exercice
L’emplacement d’un cabinet dentaire ne se choisit pas à la légère, car au-delà des considérations commerciales, certaines règles déontologiques encadrent le choix du local. Il est par exemple interdit de s’installer dans un immeuble où exerce déjà un confrère sans son accord, ou sans l’aval du Conseil départemental de l’Ordre. De même, un praticien ne peut ouvrir son cabinet dans la zone d’exercice d’un ancien maître de stage ou employeur sans un délai de carence de deux ans, sauf entente préalable.
La carte des zones sous-dotées en soins dentaires est également à étudier. Des outils comme CartoSanté permettent d’identifier les territoires prioritaires, susceptibles d’ouvrir droit à des aides à l’installation. Certaines régions concentrent la majorité des praticiens, mais saturent aussi rapidement. D’autres, moins densément équipées, offrent des conditions d’implantation parfois plus favorables, tant en termes de rentabilité que de qualité de vie.
Anticiper les remplacements pour la continuité des soins
Tout dentiste libéral doit prévoir ses absences, qu’elles soient programmées ou imprévues. Les remplacements sont encadrés par l’Ordre et ne peuvent être assurés que par des praticiens inscrits au tableau ou des étudiants en cinquième année de chirurgie dentaire, après autorisation. Pendant la durée du remplacement, le titulaire doit suspendre son activité. Le remplaçant, lui, utilise les documents du cabinet en mentionnant clairement son statut.
Évaluer les coûts d’entrée pour construire un modèle viable
L’installation en cabinet dentaire représente un investissement lourd. Entre le local, l’équipement, le mobilier et les logiciels de gestion, il faut souvent mobiliser entre 50 000 et 60 000 euros rien que pour le matériel. Le rachat d’un cabinet existant, avec sa patientèle et ses équipements, peut se chiffrer à 43 % du chiffre d’affaires annuel moyen, selon les dernières données INTERFIMO.
La rentabilité repose donc sur une organisation rationnelle. Déléguer les tâches administratives ou de gestion, automatiser les prises de rendez-vous, se concentrer sur les actes à plus forte valeur ajoutée… autant de leviers pour optimiser le temps médical sans nuire à la qualité des soins. L’objectif ? Atteindre un équilibre entre rentabilité et exigence éthique, dans un secteur où la relation de confiance avec le patient prime sur toute logique purement commerciale.
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