Les entreprises de paysagisme n’ont pas fini de nous surprendre ! C’est en tout cas ce que rapporte l’Union Nationale des Entreprises du Paysage, qui ne lésine pas sur les moyens pour nous tenir informés sur l’état du secteur. Grâce à des études réalisées régulièrement, et la publication biennale d’un rapport détaillé, nous savons aujourd’hui que le secteur se porte à merveille ! Pour preuve, pas moins de 32 450 entreprises d’aménagement paysager étaient recensées en 2022, générant un impressionnant chiffre d’affaires de 9,414 milliards d’euros en 2021. Tout cela pour dire que le vert, ça rapporte, et c’est bien parti pour continuer !

Paysagisme : un marché florissant malgré des défis persistants

Le secteur de l’aménagement paysager connaît un véritable âge d’or, avec une progression de son chiffre d’affaires de près de 45 % au cours de la dernière décennie. Ladite croissance est largement soutenue par l’intérêt croissant des particuliers pour les jardins et espaces verts, un engouement décuplé suite à la crise sanitaire. A cela, ajoutons les incitations fiscales telles que les crédits d’impôt, et le vieillissement de la population, qui boostent également la demande, même si le pouvoir d’achat en berne force parfois à des compromis budgétaires…

En outre, le dynamisme du secteur de la construction, avec une activité soutenue en matière de logements et de bâtiments non résidentiels, pousse aussi la demande en création d’espaces verts, profitant principalement aux entreprises privées. Sur le front des marchés publics, si l’entretien est souvent géré en interne par les collectivités, la création de nouveaux espaces verts attire principalement les grandes entreprises, les « majors », qui dominent les appels d’offres.

Cela dit, le secteur est aussi le terrain d’une concurrence féroce, exacerbée par une faible barrière à l’entrée qui attire de nombreux nouveaux venus. Pour cette raison, plus de la moitié des entreprises actives en 2022 ont moins de six ans d’existence, ce qui crée une importante pression tarifaire.

Un secteur qui recrute à tour de bras

De 92 500 actifs il y a une dizaine d’années, le secteur du paysagisme est passé à plus de 132 000, avec un pic important sur les deux dernières années, chiffré à +17 % en France métropolitaine. Au-delà de l’augmentation des effectifs, on retient surtout la stabilité de l’emploi dans le secteur, une tendance loin d’être généralisée… En effet, 95 % des salariés le sont à temps plein, et 83 % sont en CDI. Autre particularité : tout le monde est de la partie ! Autrement dit, les emplois dans le paysagisme sont ouverts un peu partout en France, tous niveaux de qualifications confondus et certaines marques ont même créé leur propre parcours de formation pour recruter comme c’est le cas pour Daniel Moquet avis aux amateurs !

Signe de l’essor du secteur, la tendance de l’emploi y est plutôt inversée, plus de la moitié des entreprises (57 %) ayant beaucoup de mal à recruter des salariés à temps plein en 2022. Sur un autre registre, ces dernières jouent pleinement la carte de l’intégration des jeunes dans l’emploi, avec 13 700 apprentis en 2022, soit 13 % des effectifs.

La création de jardins désormais locomotive économique du paysagisme français

Désormais, la création de jardins détrône l’entretien en termes de chiffre d’affaires dans le secteur. En chiffres, les travaux de création de jardins et d’espaces verts captent 57 % du CA, soit une progression de 1,5 point depuis 2020. A l’heure où l’entretien garde sa suprématie dans les petites entités de moins de six employés, les structures plus importantes voient leur revenu principalement irrigué par les activités de création. Ajustement aux mouvements de la société et des professions, le segment « autres activités du paysage », incluant notamment le génie écologique et l’éco-pastoralisme, a été introduit dans l’étude en 2020 et représente déjà 2,5 % du chiffre d’affaires en 2022.

Les patrons du paysage investissent

Les chefs d’entreprise du secteur du paysage ne lésinent pas sur les moyens pour dynamiser leur activité, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, pas moins de 22 500 entreprises ont placé leurs fonds dans des investissements, soit 69 % d’entre elles, contre 65 % deux ans plus tôt. Le montant total des investissements a grimpé en flèche, atteignant 565 millions d’euros, un bond significatif par rapport aux 385 millions de 2020. La part du chiffre d’affaires dédiée aux investissements suit cette tendance ascendante, avec 7,5 % contre 6 % en 2020. Sur une décennie, l’engagement financier des entreprises du paysage dans leurs investissements a explosé de près de 170 % !

Entre défis économiques et opportunités écologiques

Tout n’est pas rose dans le monde de l’aménagement paysager… Le secteur du paysagisme fait face à des vents contraires avec la persistance des tensions sur le pouvoir d’achat des ménages et une crise de l’immobilier qui impacte directement la demande. En effet, la baisse des transactions dans l’ancien et le ralentissement de la construction neuve sont susceptibles de réduire la demande pour les services de création d’espaces verts, qui représentent la première source de revenus du secteur (57 % en 2022).

En parallèle, le génie écologique, avec ses projets de reconstitution de milieux naturels et de restauration de milieux dégradés, émerge comme une nouvelle avenue prometteuse. Seul bémol : cette opportunité pourrait être difficile à saisir pour les très petites entreprises, qui dominent le paysage du secteur, en raison des investissements significatifs que ces projets requièrent.

Quelle structure du marché du paysagisme ?

Dans l’ensemble, le marché du paysagisme est structuré autour de trois segments principaux, à savoir le marché des particuliers, celui des entreprises privées et les marchés publics. Premier débouché pour les professionnels du paysagisme, le marché des particuliers représente 49 % du CA global du secteur, et est largement dominé par les petites entreprises, avec 62 % des acteurs n’employant aucun salarié et 92 % ayant moins de 10 employés.

Pour sa part, le marché des entreprises privées, forcément moins accessible pour les très petites entreprises, constitue 25,5 % du chiffre d’affaires du secteur. La présence limitée des petites entreprises s’explique par les exigences souvent plus complexes et les volumes plus importants demandés par les clients corporatifs, qui nécessitent des capacités opérationnelles que seules des structures plus grandes peuvent offrir.

Enfin, les marchés publics représentent 24,5 % du chiffre d’affaires et sont caractérisés par un processus de sélection rigoureux via des appels d’offres. Sans surprise, les exigences en termes de ressources humaines et matérielles pour ces projets sont élevées, ce qui favorise naturellement les entreprises de plus grande taille capables de mobiliser les ressources nécessaires pour répondre aux demandes spécifiques des collectivités et autres entités publiques.